Dette des États-Unis : qui en est le principal détenteur ?

Dire que la dette publique américaine inquiète, ce serait minimiser ce qui se joue. Les chiffres, massifs, font vaciller les repères, tandis que la répartition des créanciers bouleverse nombre d’idées reçues. La Réserve fédérale et d’autres institutions publiques américaines représentent ensemble plus de la moitié de la détention de la dette souveraine des États-Unis. Les créanciers étrangers, souvent mis en avant dans le débat politique, ne détiennent qu’environ un quart de cette dette. Le Japon devance la Chine parmi les détenteurs étrangers, une inversion de tendance observée depuis 2019.

La part des ménages et fonds de pension américains progresse, tandis que la fragmentation de la structure de détention complexifie les marges de manœuvre budgétaires du pays. L’exposition internationale, bien qu’importante, n’atteint donc pas les proportions parfois évoquées dans le discours public.

Panorama de la dette publique américaine : chiffres clés et évolution récente

Les États-Unis avancent sur une trajectoire de dette fédérale qui dépasse désormais les 34 000 milliards de dollars. Ce montant, rarement atteint à cette échelle, équivaut à plus de 120 % du PIB national. Année après année, le gouvernement fédéral accumule les déficits. Conséquence directe : la dette des États-Unis grimpe, franchissant régulièrement les plafonds fixés par le Congrès. En 2023, le débat autour du plafond de la dette s’est à nouveau invité dans l’actualité, sans pour autant infléchir la dynamique de l’endettement.

Les marchés financiers observent avec attention chaque émission de titres de dette lancée par le Trésor américain. Les investisseurs décortiquent la demande, les taux d’intérêt proposés, et n’ignorent rien des alertes des agences de notation comme Moody’s ou Fitch. Lorsque Fitch a tiré la sonnette d’alarme sur la note souveraine américaine, le rappel fut brutal : la confiance n’a rien d’acquis.

La dette américaine se partage désormais entre obligations à court, moyen et long terme. Ces dernières années, la proportion de titres à long terme a progressé, profitant des taux bas qui ont dominé la décennie. Mais la remontée progressive des taux directeurs, impulsée par la politique monétaire, commence à peser sur la charge de la dette fédérale.

Quelques repères sont nécessaires pour cerner l’ampleur du phénomène :

  • Niveau de la dette fédérale : plus de 34 000 milliards de dollars
  • Dette rapportée au PIB : plus de 120 %
  • Plafond de la dette : relevé 79 fois depuis 1960
  • Charge d’intérêts : en augmentation, conséquence directe de la hausse des taux

Le gouvernement fédéral s’appuie sur la profondeur et la liquidité du marché obligataire américain. Mais le poids de la dette commence à peser sur les finances publiques. Les investisseurs institutionnels, attentifs, évaluent sans relâche la capacité du gouvernement à honorer ses échéances dans un contexte de croissance moins rapide et de coût du crédit en hausse.

Qui détient la dette des États-Unis ? Répartition entre acteurs nationaux et étrangers

L’immense puzzle de la dette des États-Unis s’assemble autour de nombreux acteurs. Sur plus de 34 000 milliards de dollars de dette fédérale, la question de la répartition intrigue et nourrit nombre de débats. Près de 70 % de cette somme se trouve entre les mains d’investisseurs nationaux. En première ligne, le secteur public américain. La Réserve fédérale (Fed) joue un rôle central, en rachetant une part significative des obligations émises. Les fonds de pension, compagnies d’assurance et banques commerciales américaines complètent ce tableau, tandis que les ménages américains, par le biais de fonds d’investissement ou produits d’épargne, détiennent également une partie non négligeable de la dette américaine.

Répartition de la dette fédérale américaine :

  • Investisseurs nationaux : environ 70 %
  • Investisseurs étrangers : environ 30 %

La présence des investisseurs étrangers représente environ 30 % du total. À l’intérieur de ce groupe, la hiérarchie s’impose : banques centrales, fonds souverains et gouvernements étrangers achètent massivement les titres du Trésor américain. Les motivations varient : pour certains, il s’agit d’assurer une réserve de valeur ; pour d’autres, de disposer d’un levier stratégique ou financier. Le dollar, toujours au centre du jeu, reste la devise de référence internationale, renforçant l’attrait des obligations américaines.

Cette dette américaine détenue à l’étranger influence directement la politique monétaire et le poids des États-Unis sur la scène internationale. Les décisions de la Fed modifient la rentabilité de ces actifs, tandis que la demande étrangère impacte les taux à long terme. Chaque mouvement des grands détenteurs mondiaux peut avoir des conséquences sur la stabilité des marchés.

Zoom sur les principaux créanciers étrangers : quels pays financent l’Amérique ?

Depuis une dizaine d’années, la dette américaine est au cœur d’une rivalité feutrée entre grandes puissances économiques. Japon et Chine mènent la danse parmi les créanciers étrangers. Le Japon s’impose désormais comme premier détenteur étranger, avec un portefeuille de plus de 1 100 milliards de dollars en titres du Trésor. La Chine, malgré un mouvement de réduction progressif de ses avoirs, conserve une position forte autour de 800 milliards de dollars. Pour ces deux économies, posséder des bons du Trésor américain offre une sécurité face aux aléas des marchés et permet de disposer d’une réserve de change stratégique.

Le trio de tête s’élargit avec le Royaume-Uni, qui s’est hissé sur le podium grâce au rayonnement financier de la City et à d’importants flux internationaux. La zone euro, notamment via l’Allemagne, la France et le Luxembourg, détient aussi une part notable, souvent par l’intermédiaire de fonds ou de structures spécialisées.

Voici les pays qui se distinguent par leur exposition à la dette américaine :

  • Japon : plus de 1 100 milliards de dollars
  • Chine : environ 800 milliards de dollars
  • Royaume-Uni : plus de 700 milliards de dollars
  • Zone euro (Allemagne, France, Luxembourg…) : plusieurs centaines de milliards

Leur rôle ne se limite pas à la gestion de réserves. En achetant directement ou indirectement des titres américains à travers des centres financiers internationaux, ces investisseurs contribuent à la liquidité du marché, à la stabilité du dollar et à la capacité du gouvernement fédéral à se financer à des conditions avantageuses. Les flux de capitaux internationaux restent un élément central dans l’équilibre financier et géopolitique mondial.

Femme âgée regardant un graphique sur une tablette

Quels enjeux et risques pour l’économie américaine face à une dette détenue en partie à l’étranger ?

La dette souveraine américaine détenue à l’étranger fonctionne comme un indicateur de la confiance mondiale envers la signature du Trésor. Tant que le statut du dollar demeure incontesté, la demande pour les obligations américaines protège Washington d’une montée brutale des taux d’intérêt. Mais cette situation n’est pas sans risque. Si la Chine ou le Japon décidaient de se désengager massivement, la volatilité pourrait s’emparer des marchés, provoquant une hausse rapide du coût de l’emprunt pour le gouvernement fédéral.

Les tensions autour du relèvement du plafond de la dette ou les blocages politiques au Congrès alimentent les incertitudes. Moody’s et Fitch, les grandes agences de notation, évaluent sans cesse la capacité des États-Unis à tenir leurs engagements. Un abaissement de la note souveraine pourrait déclencher une défiance accrue et des sorties de capitaux, surtout dans un climat géopolitique incertain.

Les principaux défis et risques associés à cette situation méritent d’être explicités :

  • Hausse des taux d’intérêt en cas de retrait massif d’investisseurs étrangers
  • Fragilisation de la confiance du marché envers la dette américaine
  • Remise en cause potentielle du statut du dollar comme monnaie de réserve internationale

Les investisseurs étrangers, qu’ils soient institutionnels ou privés, surveillent attentivement l’évolution de la politique budgétaire américaine. La dette gouvernementale des États-Unis conserve un statut à part dans le monde, mais le moindre doute sur sa soutenabilité pourrait rebattre les cartes de l’équilibre financier mondial. Un rappel que le géant américain, malgré sa puissance, n’est pas à l’abri d’un mouvement de balancier.